- LES TRANSMUSICALES 2005 -

Madame de C*** (Bars en trans)
Le 1929 à Rennes - Vendredi 9 décembre 2005

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KATERINE

CONCERT AU PARC EXPO

MADAME DE C***
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Dès les premières minutes, la suspicion se niche aux coins des lèvres et votre chroniqueur dévoué, légèrement amadoué par une prestation impeccable (celle d'Hyperclean) et des bières à prix raisonnable, retrouve son naturel perfide et médisant en s'apprêtant à crier au scandale.

Que nous propose Madame de C*** ? Du rock, du vrai, dans la veine chape de plomb. Climat sombre et bruitiste, guitare toutes griffes dehors, ronflements de basse fuzz et batterie en fonte, le tout agrémenté de boucles oppressantes. On pense aux pionniers de Detroit, aux héros de la vague noise, on pense à pleins d'autres groupes et puis on arrête de penser car le constat s'impose : rien de nouveau sous le soleil - c'est excusable, ils ne sont pas les seuls - mais rien de très personnel non plus. C'est là que le bât blesse. À défaut de réinventer le genre, on peut tout de même tenter d'y imprimer sa marque, d'y mettre un peu de soi (à condition d'y mettre du sien, bien sûr). Dans le cas qui nous occupe, on assiste à un copier/coller en règle. Si ces messieurs ont les tympans bien éduqués, ils ne parviennent pas à s'affranchir de leurs nobles influences. Entre l'original et le décalco patent, le choix est fait ! Ce groupe franco-suédois n'est évidemment ni le premier ni le dernier à se complaire dans le réchauffé. On aurait pu se montrer clément, se contenter de savourer l'instant présent et se dire que ça vaut toujours mieux que de se farcir un récital de Carlos. Après tout Madame Claude joue juste et connaît ses gammes…

C'était oublier le chanteur, armoire nordique dont la carrure est inversement proportionnelle au charisme. Aussi chaleureux qu'un iceberg, notre viking cultive l'attitude Oasis : regard de veau mort-né planqué sous la mèche nonchalante, comme un ado bourru qui fait la tronche au repas de famille. Et quand il daigne enfin ouvrir la bouche, l'intéressé se contente d'ânonner des bribes de mélodie d'une voix faussement hargneuse, plus mollasse que languide, avec le même entrain que s'il récitait un poème de Maurice Carême.

C'est d'autant plus dommage que les autres membres semblent prendre du plaisir à jouer sur scène, en particulier le guitariste, plutôt souriant. Mais rien n'y fait, le set est plat. Du coup, les musiciens se reposent sur la puissance sonore pour masquer la vacuité du discours. Quand on a rien à dire, on augmente les potars. Et bingo, ça marche ! Le public, les neurones titillés par le vacarme et l'alcool, secoue gaiement la tête en rythme et s'autorise à pogoter (doux Jésus !). Il est temps d'aller voir ailleurs…

Professionnalisme et mansuétude obligent, on daignera se pencher sur l'album, qui rattrape peut-être les prestations du groupe. En attendant, méfiez vous des contrefaçons, comme dirait le saltimbanque.

Christophe