Webzine des Musiques Actuelles !
     
  Énième site de chroniques sur la musique "indé" avec des critiques, des dossiers, des interviews, des fiches biographiques, des comptes rendus de concerts, etc...
---------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
 

Theatre Royal Drury Lane - Sunday 8th September 1974

Robert WYATT - (Rykodisc, 2005)

Enfin ! Robert Wyatt a eu l'excellente idée de sortir son seul et unique live après la sortie du mythique Rock Bottom. Il circulait déjà sous le manteau mais là, le concert est en entier et remasterisé. Quel pied !

Il y a des jours où on ne regrette pas de s'être levé (même du mauvais pied). Il aura fallu attendre plus de 30 ans pour enfin écouter ça ! C'est l''unique concert de Robert Wyatt après Rock Bottom et son tragique accident. Il est accompagné de la haute classe de la scène avant gardiste/progressive londonienne : Nick Mason (batteur de Pink Floyd et producteur de l'album studio), Hugh Hoper (l'ami de toujours de Soft Machine et de Matching Mole) ainsi que, entre autre, Mike Oldfield (juste après son tube Tubular Bells) et (sniff) John Peel annonçant le début du concert. Outre cette réunion people, la musique est et reste l'élément le plus intéressant de cette soirée. On y retrouve tous les morceaux de Rock Bottom, avec une version hallucinante de Sea Song de 9''13' minutes avec les ponts free jazz du milieu très bien rendus. La trilogie Little Red Riding Hood Hit The Road / Alfie / Alfib retranscrit à merveille l'ambiance aquatique qui fait tout son envoûtement. Robert a eu la bonne idée de piocher dans le répertoire de Matching Mole avec les très jazz-rock Instant Pussy et Signed Curtain, morceaux d'improvisation avec des lignes de basse et d'orgue proches des ambiances électriques de Miles Davis pendant la période géniale de Bitches Brew.
Le groupe n'a jamais joué ensemble, mais pourtant l'harmonie règne : tout le monde est à sa place, joue juste (comme dans un monde parfait), même Mike Oldfield (dont les improvisations ne sont pas de la lourdeur de la suite de sa carrière), et la voix de Robert est toujours juste et aussi profonde. Il l'utilise comme un instrument, jouant des solos dont lui seul a le secret. Il possède sûrement la voix la plus puissante de l'époque. Le concert se termine sur son seul tube I'm A Believer, popularisé par les Monkees (qui peut être considéré comme le premier boys band américain), dans une version où l'on sent bien que tout le monde s'amuse. Le son du concert est plutôt bon, malgré les dires de Robert. Comme la moitié des bandes fut perdue et récupérée sur des enregistrements mineurs, Wyatt espérait que ce soit assez audible pour en faire un disque. La réponse est évidemment oui, l'idée de faire un album de ce concert étant évidemment formidable. Avoir un tel objet de Robert Wyatt tient du fantasme pour tout amateur de musique, tel un Smile des Beach Boys ou un album conjoint de Miles Davis et de Jimi Hendrix. Les versions live des morceaux de Rock Bottom sont un excellent rappel pour dire que cet album est un classique du rock et que ce n'est pas volé. Il ne serait pas surprenant que ce live passe rapidement à la postérité tant c'est bon d'entendre de la musique à un tel niveau de virtuosité.

Kannibal Smith

----------------------------------------------------------------------