Cukooland

Robert WYATT - (Rykodisc, 2003)

Cela fait 30 ans que le grand Robert Wyatt sévi pour notre plus grand bonheur. Batteur subtil et chanteur à la voix douce chez Soft Machine puis Matching Mole, il se lance en seul en 1970 et sort en 2003 son onzième album solo après moult maxis et collaborations.

Accompagné ici de tout ses amis de longue date, Brian Eno, David Gilmour, Paul Weller, il nous livre un petit bijou digne de son talent. Des mélodies toujours originales teintées de jazz et de pop, ainsi que des sonorités peu courantes, nous font entrer dans le monde de Mr Wyatt. Cloué sur son fauteuil roulant, il assure les parties de piano, de percussion, de trompette (son nouveau jouet qu'il maîtrise à merveille), et de chant, qu'il considère toujours comme l'instrument le plus expressif qui soit.
Cukooland (le monde des simplets) ressemble à un paradis harmonique, avec ses nombreux chœurs venus d'ailleurs. Il est divisé en deux parties égales. Le bal s'ouvre avec une pluie de claviers sur Just A Bit. Viens ensuite l'hypnotique The Forest, avec un solo très discret mais au combien efficace de Gilmour qui nous emmène dans un endroit avec pleins d'arbres que l'on n'a jamais vu. Il chante Juliette Gréco et Miles Davis dans le très jazzy Old Europe, et rend aussi hommage aux victimes des camps de concentration ou aux enfants nés sous les bombes. Sa femme, Alfreda Bange illustre toujours aussi magnifiquement sa musique. On aura attendu quatre longues années mais ça en valait la peine.
Wyatt, c'est unique, une écoute ne laisse jamais indifférent. On adore ou on déteste, mais depuis le majestueux Rock Bottom, on s'étonne, on s'amuse, on admire l'artiste.

Kannibal Smith

----------------------------------------------------------------------