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Les
Retrouvailles
Yann
TIERSEN - (Labels,
2005)
Parce
qu'on en avait eu franchement ras-le-bol d'entendre parler d'Amélie
Poulain et de voir ses morceaux servir de bande-son aux reportages déprimants
sur la fermeture des usines de sardine finistériennes, on avait
cessé de prendre des nouvelles de Yann
Tiersen. Puis un jour, on réécoute Le
Phare et le remord s'empare de nous. Qu'est devenu Tiersen ? Qu'a-t-il
fait depuis ? Un album, peut-être deux ? Tiens, voici justement
le printemps qui nous amène de ses nouvelles à travers un
album au nom idoine : Les Retrouvailles.
Yann Tiersen préfère
s'exiler sur l'île d'Ouessant plutôt que d'affronter la tempête
des villes pour composer. Avare en paroles, ce rennais d'adoption n'est
heureux qu'entouré d'instruments ou de tout autre ustensile capable
de faire du bruit (machine à écrire, petites cuillères,
etc.). Entre deux roulis, la guitare électrique grince, les violons
s'envolent, les cuivres s'affolent, et les percussions s'emballent à
bord de cet album. Sous un ciel de grisaille, Yann Tiersen garde le cap
de sa traversée douce-amère vers le bonheur. Un périple
jonché de larmes et de frissons qui connaît quelques ratés,
mais également pas mal de surprises. En solitaire, violons et pianos
à portée de main, Tiersen tient la barre comme personne
par temps calme ou par gros temps (le superbe morceau chaotique qu'est
La Boulange en témoigne). Mais lorsqu'il s'agit de faire
équipe, l'embarcation peine à trouver son équilibre.
On est même à deux doigts de dessaler lorsque
Jane Birkin se met à susurrer Plus d'hiver ou lorsque
Miossec et Dominique
A s'embarquent dans un duo en plein vent contraire. Heureusement
que Stuart A. Staples de
Thindersticks arrive à s'accorder avec Tiersen sur A
Secret Place et qu'Elizabeth Fraser parvient
à donner un peu de voix à l'album avec le déchirant
Mary.
Le succès n'a pas défiguré Yann Tiersen. Toujours
aussi discret en dehors de la scène, un peu moins depuis lorsqu'il
s'agit de s'y présenter sur le devant, Tiersen signe ici un album
bancal, hésitant, mais inévitablement poignant et mélancolique
à l'image de son oeuvre. Ingrats que nous étions, oublions
nos rancoeurs passées et serrons-nous à nouveau la main,
comme avant.
Monsieur
Pipo
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