Figure 8

Elliott SMITH - (Dreamworks, 2000)

Sans conteste l'album le moins attachant d'Elliott Smith car trop bien produit. On regrette amèrement le dépouillement des précédents albums.

Ne voulant pas rester sur ses acquis, Elliott Smith a au moins le mérite de prendre des risques. Il préfère ici, encore davantage que sur XO, l'utilisation d'une orchestration plus riche, flirtant ainsi plus vers les Beatles que vers son folk traditionnel. Figure 8 joue donc moins sur l'émotion que sur ses autres opus. Il faut donc plus s'intéresser aux envergures mélodiques qu'à ses habituels gratouillages de guitares. Et ça commence plutôt bien avec Son Of Sam. Ce morceau magnifique est assez enjoué mais les textes demeurent toujours aussi tristes ; on ne change pas Smith si facilement que ça... Everything Reminds Me Of Her et Somebody That I Used To Know rappellent plus les premières productions du gars de Portland, mais sa voix est plus mûre et moins fragile. Just Band Trader montre plutôt le nouveau son de Smith ; plus grandiloquent et beaucoup plus riche. C'est un morceau sur les courtiers (avec un refrain que tout bon courtier garde en tête "better sell it what you can")... Miossec l'a bien fait sur les assistants parlementaires, alors...
Every Things Means Nothing To Me, chanson juste accompagnée d'un piano avec une voix doublée puis triplée, est pour le moins touchante. Stupidity Tries est d'une intemporalité incroyable. Colors Bars donne toute sa dimension en live et n'oublions pas Happiness, le tube ironique de Figure 8 ("that all I want now is happiness for you and me").
Puis on reste bouche bé devant Can't Make A Sound qu'on croirait directement sorti de Either/Or. Pour moi c'est le moins bon Elliott smith, mais ça reste du Elliott Smith, donc indispensable.

Marek Bogdanov

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