Drinking Songs

Matt ELLIOTT - (Ici d'Ailleurs, 2005)

Désormais installé en France, Matt Elliott revient avec un nouvel opus au design remarquable et stylé XIXème siècle. Produit dans l'hexagone sur le label Ici d'Ailleurs, Drinking Songs confirme ce que préfigurait son prédécesseur deux ans plus tôt.

En effet, depuis The Mess We Made, la musique de Matt Elliott a résolument changé de cap. Le multi-instrumentiste de Bristol semble avoir laissé de côté les machines qui dominaient l'électronica drum'n'bass de The Third Eye Foundation pour nous ouvrir les portes d'un autre monde, tout aussi bouleversant mais plus acoustique. L'enregistrement de cet album n'en fut pas forcément simplifié. On devine derrière les huit compositions de Drinking Songs un énorme travail de programmation. Chaque pièce de ce chef-d'œuvre est en fait un enchevêtrement de couches de guitares, de cordes (piano, violon) et de cuivre, comme sur C. F. Bundy, qui plante le décor d'un univers extrêmement déprimant. Ces mélodies faites de superpositions atteignent une intensité rare lorsque Matt Elliott démultiplie sa voix en chœurs. On citera ainsi The Kursk, hommage aux personnes disparues en mer et sans doute le titre le plus envoûtant de Drinking Songs, dont les chants lointains ne sont pas en effet sans évoquer les appels des prisonniers des fonds marins.
Cependant, si métamorphose il y a, l'héritage de The Third Eye Foundation n'en est pas pour autant renié. Le très dense The Maid We Messed fait certes un peu pièce rapportée, mais son rythme transcendant est là pour rappeler que derrière The Mess We Made, Drinking Songs et les diverses productions de la "fondation du troisième œil", il n'a qu'un seul homme, un génie qui vient d'accoucher de la sensation de ce début 2005.

Gros Barnes

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